mardi 24 août 2010

Sérigraphie Béninoise VS Sérigraphie Occidentale


Les étapes de la sérigraphie :

1. Lavage des cadres
Face au Karsher, les béninois rencontrés à Cotonou (et notamment ici en photo : l’atelier de Thierry et Zoul) utilisent des techniques certainement plus artisanales, plus lentes et où l’huile de coude devient un élément essentiel... et pourtant, le résultat est le même ! Et le temps, quant à lui, n’y est jamais une perte.


2. L’enduction
À Cotonou, l’art de la récupération est vraiment une grande force : avec trois fois rien, on fait cinq fois plus. Quand Thierry et Zoul utilisent ingénieusement des matériaux de récupération tel un port cassette audio en plastique en guise de raclette pour étaler l’émulsion sur le cadre, on se rend compte à quel point l’outil ne fait pas le travail à la place de l’homme. Et chaque atelier, chaque artiste, est exceptionnel dans sa manière de trouver et remplacer l’outil dont il ne pourra se fournir. Du sèche-cheveux (voire le soleil sur les toits en tôle) pour sécher les cadres, à la pompe anti-moustique de Kola (dont on reparlera plus tard) en tant qu’aérographe, chaque objet devient reconsidérable, et on réinterprète la dimension et l’utilité de tout les choses qui nous environnent.

3. L’insolation
Parfois, faute de calque, le papier machine est enduit d’huile de palme pour être transparent. Et là encore, pas de salle isolée ni de lunettes pour les rayons U.V. dans de si petits, modestes mais aussi très désordonnés, il faut le dire, ateliers. Non, seulement une table lumineuse basique, un peu plus de temps et beaucoup de patience en cas de coupure de courant !

Et puis c’est là qu’on rit un peu, qu’on se rend compte de la précision du résultat vraiment comparable aux techniques plus occidentales où l’on se sert de grandes tables munies de gros caoutchoucs et de compression d’air pour permettre une adhésion optimale entre le cadre, le typon (le calque) et les rayons U.V.. Pour le coup, une des parades est de se munir d’un drap propre et blanc pour protéger le cadre et maximiser la photosensibilité de l’émulsion, d’une importante quantité de sable, d’une planche de bois et de gros blocs de pierre pour faire pression...



La suite de la sérigraphie artisanale au prochain épisode...

La sérigraphie, qu’est-ce-que c’est ?















La sérigraphie est une technique d’impression spécifique à un grand nombre de supports et matières flexibles ou en volume, pour lesquels les autres types d'impression (sur supports plats) ne sont pas adaptés. C’est ce qui la rend presque irremplaçable jusqu'à aujourd’hui.

Elle est notamment beaucoup utilisée dans l'impression sur t-shirt (et tous textiles), mais aussi pour le papier, le carton, le bois, le plastique, le métal, le verre, voire la nourriture...




De plus, la sérigraphie est une technique très peu onéreuse et il lui suffit de peu de matériel :
   - un cadre de sérigraphie (ou écran) : de la soie (ou du Nylon plus régulièrement utilisé aujourd’hui en Occident) tendue entre 4 tasseaux de bois. Le tissu est donc constitué de mailles très fines et uniformes.
 - un produit photosensible (l’émulsion) qui est étalé sur le cadre pour boucher les mailles. C’est ce qu’on appelle l’enduction.

- une table lumineuse (rayons ultraviolets) qui permet de durcir l’émulsion et donc de boucher les mailles aux endroits où celle-ci n’est pas protégée : c’est à ce moment que l’on interpose le motif voulu entre le cadre et les rayons ultraviolets. C’est l’insolation. Le motif (sur calque) permet de bloquer les rayons ultraviolets pour ensuite laisser les mailles libres à cet endroit (après avoir rincé avec un peu d’eau).





  - des encres adaptées sont ensuite appliquées sur l’écran et la peinture ne passe donc que dans les mailles laissées libres par le motif sur calque (appelé typon) : c’est exactement le même principe que le pochoir mais utilisable à plus grande échelle, en plus grande quantité et sur un plus grand nombre de supports variés.

mercredi 18 août 2010

Kwabo do Cadjéhoun, l’atelier de Thierry et Zoul.

Le projet commence par l’atelier de Thierry et son associé Zoulkif : un véritable bric-à-brac d’objets en tous genres dans lequel l’œil ne sait se poser. Et c’est d'ici que sortent les sérigraphies les plus précises, les peintures de lettres sur banderoles incroyables, le son du reggae ou de la musique traditionnelle qui motivent les travailleurs et la bonne humeur la plus réputée du quartier !

C’est donc ici que j’ai découvert la sérigraphie artisanale pour laquelle Thierry et Zoul (et la plupart des autres artistes-calligraphes rencontrés lors du projet) transforment des choses apparemment inutiles en outils très très utiles !

« Quand l'art de la calligraphie s’exprime, la machine s’efface »


Un mois et demi de rencontres d'artistes béninois qui défendent le travail à la main,
un mois et demi de découvertes de techniques artisanales, un mois et demi d’écoute et de partage.
Un mois et demi où la richesse du travail artisanal a pris une toute autre dimension, plus grande
et plus belle encore, grâce à des artistes animés par leur forte passion.